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Mivido : une histoire de fous 

Un vendredi soir d’octobre 1991, après le cours de dressage, une quinzaine de cavaliers se sont réunis traditionnellement au bar du Manège de la Pallanterie, pour l’apéro et le dîner. 

Passant devant le bureau, je vois Janine, l’épouse du directeur du manège, Reynald Jaquerod, en larmes. Je lui demande ce qui ne va pas. 

Elle me répond que Mivido, un des chevaux emblématiques du manège, un magnifique cheval d’un blanc immaculé, est trop usé pour continuer de ravir ses cavaliers, et qu’il faut trouver une solution pour : 

- le mettre à la retraite 

- ou l’envoyer à l’abattoir 

C’étaient, à l’époque, les seules alternatives pour les chevaux de manège en fin de carrière. 

Elle m’explique qu’elle a trouvé une place au pré auprès d’un client du manège, mais que ce dernier demande 300.- par mois pour sa pension, pourtant soit-disant tenir compagnie à son propre cheval à la retraite ! Le client en question est pourtant une figure très connue du landerneau genevois, à la tête d’une des plus importante régie immobilière de la place ! 

Il faut savoir qu’un cheval de manège qui ne travaille plus coûte, que son remplaçant se négocie jusqu’à 6`000.- et que les manèges n’ont d’autre alternative que de vendre le « vieux » au prix de la boucherie… 

Outré d’apprendre cet aspect économique de la vie d’un cheval adoré par les élèves, et révolté par ce destin funeste, j’ai demandé à Janine Jaquerod une feuille de papier et un stylo, et ai rejoint mes compagnons au bar du manège. 

J’ai alors lancé à la cantonade : « Mivido a besoin de nous ! Il lui faut récolter 300.- par mois pour vivre une retraite méritée et paisible. Que ceux qui se sentent concernés par son destin s’inscrivent et s’engagent formellement à verser le montant de leur choix tous les mois » 

En moins de 5 minutes, j’avais recueilli des promesses de dons pour 330.- , largement de quoi assurer à Mivido sa retraite ! 

Ainsi était né le « Club de Amis de Mivido » 

Durant 3 ans, nous avons petit à petit agrandi notre cercle de donateurs, et en 1993, nous avons recueilli notre second cheval de manège, le très fantasque Gugus, un demi poney irlandais, génial en cours, mais une terreur en box. Il avait trouvé le moyen d’ouvrir son box, et se pavanait devant les autre chevaux, démontant et ouvrant les box de soins. Il a même trouvé moyen de faire la circulation sur la route bordant le manège, en se mettant au milieu, sur la ligne blanche… 

Fin 1993, le Club des Amis de Mivido avait 2 chevaux en pension, et près de 10`000.- de « fortune » 

J’ai donc décidé qu’il était temps de changer les statuts du club en association à but non lucratif, avec des statuts et un comité ad-hoc, et c’est ainsi qu’en 1994 fut fondée l’Association Mivido. 

Tous les premiers chevaux confiés à l’Association le furent par le Manège de la Pallanterie. Mais le bouche à oreille faisant son œuvre, plusieurs manèges genevois firent appel à « Mivido » afin de placer leurs chevaux ! C’est ainsi que « Mivido » a essaimé dans le canton. 

A cette époque, nous rachetions encore les chevaux 1'000.- pour les mettre à la retraite. 

Mais avec le temps et notre réputation, les manèges ont fini par nous les confier gratuitement. 

Avec le nombre croissant de chevaux qui nous étaient confiés, s’est posé le problème du financement des pensions. 

Nous avons alors alerté tous les médias à disposition, et rendu public notre action. Notre démarche nous a valu de nombreux nouveaux membres qui cotisaient régulièrement, mais a surtout attiré l’attention d’une fondation genevoise, sans l’aide de laquelle nous n’aurions pu survivre. 

Et c’est ainsi que nous avons pu continuer à recueillir des chevaux de toute la Suisse romande, forts de plus de 300 membres cotisants, et de la Fondation qui nous appuyé tout au long de notre aventure. 

Après 10 ans , nous avons passé la main à un nouveau comité en toute confiance, mais restons, mon épouse Sophie et moi-même, toujours investis dans cette fabuleuse aventure.

 

Philippe Gisiger 

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